Dans le bureau parisien du Pacha, la tension était montée d'un seul coup :
- Enfin, Alex, expliquez moi pourquoi ça vous dérange d'aller faire un tour dans le Montana ?
- Mais, monsieur, ce n'est pas tant d'y aller qui m'embête mais d'y aller avec l'énormité Jean Bon, vous le voyez, vous, en pleine bataille de Little Bighorn, au milieu des indiens ?
- Ecoutez, Alex, il n'est pas question de le laisser ici sinon son oncle le…
- ... Ministre qui nous protège, je sais ! Le coupe-je sèchement, Et après ? Croyez-vous qu'il ne nous protégera plus ?
- Non, c'est mieux que ça : il était prêt à nous faire voter une rallonge et votre paie allait s'en ressentir également…
- Hein ? J'exige ! vous entendez ? J'ai bien dit j'exige, que ce brave Jambonneau m'accompagne : ça lui fera apprendre l'histoire des états unis d'Amérique, et je ne comprends pas votre réticence à me le confier !
Un ange dégoulinant de mauvaise foi, passe et repasse laissant mon supérieur rachitique goguenard.
- Le but de votre mission est de comprendre pourquoi Custer a pris la pâtée, chuchote le Pacha comme si c'était un secret.
Et c'est ainsi que je me retrouve, deux jours après, en plein Montana, sur le site de Little Bighorn, à Pahà Sapà, du nom de la tribu des Lakotas ou "Black Hills" de la traduction américaine. Les célèbres collines noires qui ont vue mille cinq cent indiens vaincre six cent cinquante soldats, selon les organisateurs et quatre cent douze selon le sheriff de Nothing Hills.
Auparavant, je m'étais renseigné à la Crow Agency et il en ressort que notre brave Custer n'était pas aussi "blanc bleu" que veulent bien le dire les dirigeants du Klu Klux Klan.
Voici ce que me dit le prospectus de l'agence:
" En 1874, George Armstrong Custer conduit une expédition d’exploration dans les terres sacrées des Black Hills
Pahá Sápa en Lakota, (Montana/Dakota), dans la réserve des Sioux Lakotas et y découvre des gisements aurifères. Les autorités tentent d’abord d’endiguer la vague des chercheurs d’or, avant de chercher à acheter les Black Hills aux Sioux. En septembre 1875, les négociations avec les Sioux échouent. En novembre, le général Terry lance un ultimatum au
31 décembre pour les chasser de leur territoire, par la force si nécessaire. Au printemps 1876, plusieurs colonnes convergent vers les Amérindiens."
Fort de ces renseignements, je choppe Mon gros par la main droite, l'oignon du passé dans la gauche et je me concentre sur cette date : 25 juin 1876 pour nous transporter au milieu de la célèbre bataille de Little Bighorn
Badaboum ! Nous voici dans un enfer de feu et de cris : Y'a des indiens Sioux qui ne disent pas "siou plait" quand ils ont l'ennemi à leur merci, y'a des indiens Cheyennes déguisés en Ché hyène imitant Fidel Castro et y'a même des indiens Kiowas qui devait être là en congés sans soldat…
Je vois même là haut sur la colline, un taureau assis qui se fait les ongles et un cheval fou qui prend des attitudes scabreuses…
- Haaaa! Gueule le gros dans mes oreilles, vé la haut, y'a
Sitting boule qui regarde danser une nana du Crazy Horse !
- Viens, lui dis-je en faisant signe avec mon bras, montons sur la colline d'en face et on verra ce qui se passe.
Effectivement nous voyons… C'est titanesque : des Sioux rusés qui tirent des flèches sur des soldats pas rusés qui se les
prennent dans le dargeot et des Cheyennes malins qui 
enlèvent les chapeaux des soldats avant de planter leurs tomahawks dans la tête. Certains, indiens parés de leurs plumes de guerre et pratiquement à poil, scalpent des cranes
déplumés en rigolant.
Nous nous faufilons jusqu'aux tentes de l'état major de G.A. Custer et comme nous sommes habillés en scouts indiens on ne nous cherche pas de noise.
- Je suis Hibou-à-cent-degré et voici Cochon-qui-s'en-dédit, annonce-je à la sentinelle en guise de présentations,Il est là le grand Custer ?
- Non, nous répond l'interpellé,il est allé faire caca mais il reste du thé sur la table…Avant la bagarre, le général en a offert une tasse au capitaine Benteen et au major Réno, alors si vous voulez le finir…
- Jean Réno ? demande bêtement le porcidé Jean Bon, je l'ai jamais vu dans un vouaisseterne
- Non, Marcus Réno, rectifie notre interlocuteur, le commandant major Marcus Réno.
Dans ma ford intérieure, je me dis qu'un gonze qui se prénomme Marcus ne peut pas être un mauvais bougre.
Je regarde la théière, je la renifle : une odeur bizarre s'en échappe et, croyant que c'est du wisky, le gros s'en met une
rasade.
En bas, des mouvements de troupes surprenants me surprennent : au lieu de contourner les Cheyennes pour les coincer contre
les Black Hills, Le major Réno et le capitaine Benteen font remonter leurs soldats vers le nord, à l'opposé de là où ils seraient dangereux pour la bande à Sitting Bull.
Le résultat est un massacre pire que celui de la St Barthélémy car c'est en protestant très fort que les soldats vendent chèrement leurs peaux.
A cet instant, sa majesté porcine se met à chanter "Je vais revoir ma Normandie".
Il part complètement en sucette et je me demande ce qu'il a attrapé car il n'a rien bu… Rien bu ? Et le reste de thé de Georges Armstrong Custer?
Cela fait onze heures que nous errons dans cette bataille gigantesque et, d'un seul coup d'un seul, l'oignon du passé fait son boulot et nous ramène en 2013.
Arrivés dans le bureau du Pacha, je lui fais mon rapport car j'ai compris pourquoi six cents cinquante soldats suréquipés ont pris une branlée mémorable face à mille cinq cents pauvres types armés d'arc et de flèches : Lorsqu'ils ont bu le thé du général, ce que ne savaient pas Réno et Benteen, c'est que si Custer se prénommait Georges, il se prénommait aussi Armstrong et qu'une substance inconnue à l'époque était mélangée à son thé. Armstrong Custer disait souvent : "Moi, j'ai les pots", mais on ne savait pas écrire l'EPO et on croyait qu'il parlait de chance.
Ayant bu de la potion de Custer, ils étaient complètement shootés et c'est pourquoi on les a vus, à l'opposé de la logique militaire, remonter vers les collines en portant leur cheval sur leur dos.
En voyant ça, comment voulez-vous, qu'admiratifs, leurs soldats ne les suivent pas ?
Quant à Custer, complètement dans les vaps, il aurait eu, au moment de
mourir, ces mots que les ayants droit de Crazy Horse lui contestent :
- C'est une belle journée pour partir et partir c'est mourir un peu.
Juste que pendant cette bataille il y en a eu un paquet qui sont partis beaucoup…
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